Quand on a comme engagement phare depuis des années le fait de faciliter l’action des citoyens, le pouvoir d’agir des personnes concernées par un risque, une problématique alors on essaie de le décliner dans sa vie perso et dans sa vie pro. Ainsi je ne pouvais, à la création d’Apie, que soutenir son développement.
C’est ce collectif dynamique qui m’a fait arriver à Apie.
Et quand on m’a demandé d’être sa vice-présidente, je n’ai pas hésité.
Au sein d’Apie, nous sommes tous engagés sur une ou plusieurs thématiques particulières : il y a les apiculteurs, les composteurs, les jardiniers, les organisateurs de conférence, les sauveurs de hérissons, les réparateurs de vélos, les recycleurs de chaussettes, les photographes de renards… Apie c’est une auberge espagnole où chacun apporte ses compétences, son engagement, son temps est surtout sa bonne volonté. Et chaque année, l’association progresse, chaque membre s’enrichit, c’est cela qui me fait rester à Apie et avec envie.
Grâce à ce collectif chacun en retire bien plus que ce qu’il ou elle apporte et c’est ça qui est passionnant. Et qui mieux que les salarié.e.s pour faire progresser l’IRSN et ses équipes dans leurs engagements en faveur de l’environnement.
J’avais déjà un engagement politique dans ma vie personnelle, j’avais déjà des liens professionnels avec des associations engagées sur la thématique environnementale, avec Apie, je peux traduire mon engagement dans mon quotidien de travail. APIE c’est pour nous, par nous, et avec tous.
On espère que vous serez nombreux à nous rejoindre, parce qu’à Apie on est pas pour la décroissance de la convivialité, on est pour l’accumulation de richesses humaines et on n’est pas sobre en énergie de ses membres.
Bienvenue dans la famille du hérisson.
Comment arrive-t-on là où on est ? Qu'est-ce qui participe au façonnage de notre sensibilité, de notre rapport à l'autour ? Nos rencontres, nos lectures. Les proches qui nous parlent et nous écoutent. L'éducation, évidemment. Aucun parcours n'est linéaire, chacun évolue sur sa ligne de crête selon ses contraintes et les opportunités de la vie, bifurque, fait volte-face. Je me souviens du gosse terrifié découvrant la réalité du changement climatique dans des numéros de Science&Vie. Des "micro-gestes climat" quotidiens que je m'appliquais, réponse dérisoire à une angoisse sourde. Je me souviens aussi des évasions à la campagne, à la montagne, des environnements incroyables pour un jeune Parisien.
Des années plus tard, je découvre le mouvement de la décroissance, concept aujourd'hui fourre-tout mais qui porte en lui une joie de vivre et une radicalité profonde. Cela me plaît. Au fil de discussions et de lectures, je réalise combien je me suis trompé sur certains points, je me remets beaucoup en question, modifie mon mode de vie – comme je peux. Je fais de belles rencontres, et d'autres qui fâchent. Il y a quelques années, je découvre le mouvement associatif Terre de Liens qui milite autour des enjeux liés à l'agriculture en France. Moi qui n'y connais rien, je me sens dépassé par ces questions en même temps que je me convaincs de l'importance du sujet – je commence à m'y investir via des actions ponctuelles, puis plus intensément en tant que bénévole une demi-journée par semaine à la faveur d'un temps partiel. C'est à peu près au même moment que je rejoins l'APIE. Une asso qui organise des rencontres, favorise les discussions, propose des travaux manuels et enrichissants... ça n'est que le logique maillon suivant de la chaîne ! C'est aussi et surtout l'opportunité de partager des moments conviviaux avec des collègues que l'on n'aurait jamais appris à connaître autrement. A bon entendeur…
Témoignage recueilli en mai 2024
« Quand j’serai grand, j’serai naturaliste ». Cette affirmation d’enfant me ramène trente-cinq ans en arrière quand je dévorais le roman de Jules Verne « L’île mystérieuse » : j’étais en admiration devant les connaissances naturalistes du jeune Harbert, abandonné sur une île isolée avec quelques autres compagnons d’infortune. Cette qualité me semblait alors une réponse appropriée si je me retrouvais dans cette situation, en dehors des solutions techniques qu’apportait l’ingénieur Cyrus Smith dans cette aventure, grâce à sa maitrise des sciences appliquées.
La période de l’adolescence, des études et des premières années de vie professionnelle a failli avoir raison de ce rêve d’enfant. Mais je suis revenu progressivement à l’observation de la nature ordinaire, celle qu’on peut trouver au pas de sa porte. Ce fut alors l’occasion de découvrir progressivement une biodiversité insoupçonnée et de prendre conscience de la fragilité de tout ce monde vivant mis sous pression par les activités humaines. Puis vint rapidement le sentiment de culpabilité de se gaver égoïstement du plaisir d’observer ces choses extraordinaires, alors qu’elles sont en perdition… Comment faire à mon échelle pour contribuer à la conservation de tout ceci, apporter quelque chose en retour à tout ce que nous offre cette nature généreuse ?
J’ai rencontré d’autres personnes sensibles comme moi à ces questions, et je suis rentré pas à pas dans un réseau de naturalistes au service de la conservation de la nature. Ceci passe par un travail de fourmi à inventorier et cartographier la présence ou l’absence d’espèces, leur densité, répéter ces opérations sans fin pour documenter l’évolution de ces paramètres. L’objectif est de mettre à disposition un maximum d’informations aux scientifiques de la conservation, aux gestionnaires d’espaces naturels, aux services compétents de l’état, pour qu’ils puissent travailler à plus grande échelle à partir de ces données recueillies par un grand nombre de bénévoles comme moi. Cela permet globalement d’évaluer les enjeux, établir les priorités et cibler au mieux les plans d’actions.
Je participe également à la protection de la nature par des échanges avec le public via des structures associatives : information et sensibilisation par des conférences, des sorties observation et de découverte. L’émerveillement est souvent la première étape pour faire naitre les prises de conscience et les initiatives. Néanmoins le rayonnement des associations de protection de la nature reste limité : la plus grosse association française compte par exemple trente fois moins de membres que son équivalent britannique… De ce point de vue, la création de l’APIE est un bon signal et c’est donc assez logiquement que j’ai décidé de rejoindre ses rangs : ce type d’association va au-delà des thèmes classiques portés par les associations historiques de protection de la nature. Ceci est vraiment complémentaire parce qu’on peut discuter aussi des causes profondes qui nous mènent petit à petit vers la trajectoire du chaos. C’est l’occasion de diffuser et capter des informations dans d’autres cercles de pensées et d’influences.
Témoignage recueilli en avril 2024
Je ne serais pas arrivé à APIE si…
... je n’avais pas rencontré, il y a quelques années, un thésard qui m’a fait connaître Jean-Marc Jancovici (qu’on ne présente plus !). Cela m’a permis, petit à petit, de m’informer et creuser les sujets relatifs aux enjeux environnementaux, en particulier ceux liés au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité, qui représentent les plus grandes menaces actuelles que doit affronter l’humanité. Cela m’a permis également de me détourner des propos, initiatiques pour moi, de JMJ, avec lesquels je suis beaucoup moins en accord qu’à l’époque où je ne maitrisais pas le sujet (propos chiffrés jamais sourcés et souvent inexacts, opposition dogmatique aux énergies renouvelables, régulation démographique, etc...). Mais en tout état de cause, depuis lors, je passe - encore maintenant - beaucoup de mon temps libre à glaner ce type d’informations, mais aussi à les partager autour de moi, car cela reste l’un des meilleurs vecteurs de lutte contre ces menaces grandissantes : on est toujours plus enclin à agir en étant correctement informé.
Et c’est la raison pour laquelle j’ai notamment rejoint l’APIE où ces sujets de préoccupation sont bien entendu centraux, et où nous partageons une envie commune d’agir pour améliorer la situation, a minima au sein des salarié.e.s IRSN et de notre cadre de travail. Nous sommes loin d’avoir une vision partagée sur l’ensemble des problèmes environnementaux actuels et les solutions à leur apporter, mais cette diversité d’opinions, tout en gardant cet objectif commun d’action pour la protection de notre écosystème, constitue l’une des grandes richesses de cette association !
Témoignage recueilli en janvier 2024
Je m’appelle Phoëdon. Je travaille au SIPR, l’unité d’ingénierie en support à la recherche en sûreté nucléaire à Cadarache (Bouches‑du‑Rhône). En tant que chargé d’affaires j’appréhende sans difficulté les problématiques thermiques et énergétiques. Malheureusement les occasions de mettre en œuvre des solutions écoresponsables sont peu fréquentes dans le domaine expérimental.
J’ai cru pouvoir exprimer mes préoccupations environnementales plus largement au sein de l’Institut dès 2014 lors de la création des Ambassadeurs du Développement Durable. Force a été de constater que cela n’a pas pris malgré la ténacité de la petite douzaine de salariés impliqués à l’époque.
Heureusement, ces dernières années il y a eu comme un déclic sociétal et une association de salariés de plus grande ampleur est née à l’IRSN : l’APIE !! Là, on se sent moins seul tout en prenant de l’indépendance vis-à-vis de l’Institut. Là au moins, on est tous convaincus que chacun a le pouvoir de participer activement à des actions écoresponsables utiles pour nous-mêmes et pour l’Institut.
Nous avons tous des expériences à partager. Ces partages nous enrichissent et surtout, renforcent nos convictions écocitoyennes. Ça commence à faire tache d’huile. Après tout, nous sommes tous les abeilles ouvrières de la grande ruche, que ce soit notre maison, notre entreprise, notre commune ou notre planète.
Parallèlement à mon métier, mes occupations de bricolages en tous genres et de rénovation ̶ trois habitations ̶ m’ont amené petit à petit à m’intéresser de très près aux différents modes de chauffage moins énergivores et à l’isolation thermique de l’habitat, avec leur ribambelle de produits associés.
Le courant électrique coulant dans mes veines d’électricien, je me suis évidemment penché sur la production d’énergie photovoltaïque, particulièrement en autoconsommation. J’ai mis en œuvre plusieurs solutions dans tous ces domaines. Ma maison est mon domaine expérimental à moi !
Et comme si tout ceci ne me suffisait pas, au sein de mon association villageoise, depuis l’année dernière je me suis lancé dans un cycle de conférences-ateliers intitulé "Eco Solutions Partagées"… tout un programme !
Tout naturellement, je vais très bientôt faire le lien entre mes occupations personnelles et professionnelles en axant ma future carrière de retraité en activité vers un nouveau métier : celui de "chargé de projet en énergie et bâtiment durable". On me sollicite déjà occasionnellement pour un choix d’équipements ou de matériaux, un avis de mise en œuvre ou un processus d’aides financières. Autant d’occasions pour renforcer mes compétences, les professionnaliser et les partager.
Témoignage recueilli en novembre 2023
La première fois que j’ai entendu parler de changement climatique et d’extinction de masse, c’était dans un amphithéâtre plein à craquer. J’étais en dernière année d’école d’ingénieur, et nous étions tous venus écouter une idole de notre enfance, Hubert Reeves, nous parler non pas des étoiles et des galaxies lointaines, mais des menaces bien réelles qui pesaient sur nous...
Je doute un peu que cela aura suffi à faire de mes camarades des écologistes convaincus. Nous étions alors en 2005, et je mesure en écoutant les « déserteurs » prendre la parole à leur remise de diplôme combien nous avons, heureusement, fait un bout de chemin depuis. Mais cela a pu contribuer à semer quelques graines ; par exemple, la passionnée d’aéronautique que j’étais a finalement préféré faire une thèse sur la pollution atmosphérique plutôt qu’à l’ONERA. Thèse au cours de laquelle j’ai assisté, en 2008, à un cours international sur les atmosphères incluant de nombreuses heures dédiées au changement climatique. Durant ce cycle, j’ai découvert un ingénieur, à cette époque encore peu connu, dont les transparents Power Point avaient des choix de couleur très discutables mais le discours était (déjà) clair et percutant... Un certain Jean-Marc Jancovici.
Depuis, j’ai l’impression d’avoir passé de nombreuses années dans une sorte de schizophrénie, cherchant tant bien que mal à apaiser mon éco-anxiété tout en faisant « comme si » tout allait bien. Depuis quelques années, toutefois, la prise de conscience s’accélère et je me sens moins seule, moins anormale dans mes interrogations. Mon engagement au sein d’APIE m’a permis de tester le conseil souvent entendu au sujet de l’éco-anxiété : l’action est le meilleur remède ! Trouver des personnes avec qui partager ces sujets de préoccupation, et tenter d’agir à une échelle modeste mais collective est la meilleure chose qui me soit arrivée ces dernières années !
Témoignage recueilli en juillet 2023
Je m’appelle Léa, j’ai 29 ans, et je suis chargée d’évaluation au SSRD/BIRD. J’ai toujours été sensible aux sujets d’écologie et d’environnement, avant tout parce que je pense que prendre soin des autres et de ce qui nous entoure est primordial, pour eux comme pour soi. J’avais cependant des clés relativement erronées. Pendant longtemps je pensais que trier ses déchets, éviter la voiture et ne pas jeter ses mégots par terre suffisait (je caricature, mais c’est l’idée). Et puis un jour, fin 2019, j’ai entendu parler de Jean-Marc Jancovici. Je me suis avant tout intéressée à son blog pour ses articles relatifs au nucléaire. Puis j’ai commencé à lire d’autres articles sur l’écologie. En 2020, j’ai découvert le site de Bon Pote, et là j’ai reçu une immense décharge électrique. J’ai vu les courbes, les chiffres, les ordres de grandeur… Et j’ai compris que nous n’étions pas seulement en train d’abîmer notre environnement, mais bien de détruire notre lieu de vie et de remettre en cause la viabilité de notre planète pour l’espèce humaine. Pour résumer les choses un peu brutalement, que nous programmions notre propre mort.
Je suis une personne d’action. Quand quelque chose ne me convient pas, j’agis pour essayer de changer la situation. Et j’avais beau changer moi-même (arrêter l’avion, réduire de mon mieux mes apports carnés, acheter le moins d’objets neufs possibles, etc.), je me sentais tellement petite et impuissante face aux actions écocides de masse (coucou EACOP) que je me suis tournée vers l’APIE. Je voulais faire évoluer les choses à plus grande échelle, sentir que ça bouge vraiment pour garder espoir. À l’APIE j’ai trouvé des personnes se sentant aussi concernées que moi, avec cette même volonté de s’en sortir, d’agir. Et cela m’aide à tenir bon les jours où les choses paraissent plus difficiles, et où j’aurais envie de me dire « à quoi bon ? », en sautant dans un avion pour l’Australie avec un triple hamburger et une valise pleine de gadgets commandés sur Amazon. Parce que je pense réellement que rien n’est une fatalité, et que si l’on s’empare vraiment d’un sujet, rien n’est béton, tout est pâte à modeler.
Témoignage recueilli en avril 2023